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les royaumes barbares d’occident

consommée dès le milieu du vme siècle (450). Aux maux occasionnés par les incursions fréquentes des bandes barbares s’étaient ajouté la rapacité du fisc, l’avidité éhontée des fonctionnaires et l’ingérence perpétuelle de l’administration supprimant toute initiative individuelle ; si bien que la diminution des fortunes acquises et la difficulté de créer des ressources nouvelles avaient amené une rapide diminution de la population tant dans les villes que dans les campagnes. La dignité impériale était le jouet des chefs barbares qui, n’osant la revêtir eux-mêmes, faisaient proclamer leurs créatures quitte à les déposséder avec une égale désinvolture. En vingt années neuf empereurs se succédèrent ainsi. À lui seul un chef, Récimer en renversa quatre en quatorze ans. Finalement un ancien conseiller d’Attila, Oreste, enrichi et fixé en Italie, réussit à faire élire son fils lequel par une ironie du sort s’appelait Romulus. L’opinion l’affubla du sobriquet d’Augustule. Celui-là devait être le dernier. L’armée romaine n’était plus composée que de mercenaires appartenant aux diverses races barbares et leurs exigences allaient croissant. Ils réclamèrent d’Oreste en couronnant son fils, qu’on leur donnât le tiers des terres arables de la péninsule. Sur son refus, la rébellion éclata. Odoacre en fut le chef (476). C’était un homme de basse extraction, scythe ou goth, qui servait dans les gardes de l’empereur. Sa haute taille et sa hardiesse groupèrent autour de lui tous les mécontents. En peu de temps, il eut conquis Ravenne et marcha sur Rome. Oreste avait péri. Odoacre déposa le petit Romulus et força le sénat à déclarer que le trône resterait désormais vacant.

C’était là, par hasard, une idée de génie. Zénon, alors empereur d’Orient redevenait le seul titulaire de l’empire. Or, impuissant à établir en Italie sa domination effective, force lui était de déléguer ses pouvoirs à Odoacre faisant ainsi bénéficier le chef barbare de l’espèce de consécration divine qui s’attachait encore aux dignités consenties par l’empereur. Odoacre fut assez sage pour se contenter de ce rôle et pendant dix-sept ans (476-493) il n’en sortit pas. Résidant à Ravenne, non à Rome, il n’usurpa ni le droit de placer son effigie sur les monnaies d’or ni celui de promulguer des constitutions. Les barbares le nommaient leur roi mais les Romains voyaient en lui le patrice gouvernant au nom de l’empereur. Des historiens l’ont désigné sous le nom de roi des Hérules ; à tort. Il commandait à des troupes où se mêlaient des races très diverses. Sa domination s’étendit sur toute l’Italie et, plus tard, sur la Sicile que lui céda Genséric et sur la Dalmatie