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d’Éphèse et leur reprit Smyrne ; un autre s’empara d’Alexandrie. Une civilisation raffinée fleurissait ; il y eut à Chypre une école des langues orientales très fréquentée. Mais toute cette opulence devait exciter des convoitises. À la fin du xivme siècle, les Génois réussirent à imposer au roi Pierre ii une sorte de suprématie à laquelle, longtemps après, ses successeurs n’échappèrent que pour tomber sous le joug des Vénitiens. Nous avons déjà vu comment la vénitienne Catherine Cornaro, épouse du dernier roi Jacques ii (1460-1473) lui survécut et n’ayant point d’enfants, légua Chypre à la « sérénissime république ».

Le démembrement de l’empire byzantin par les croisés en 1204 aboutit en Grèce à la fondation de divers États dont les deux principaux furent le duché d’Athènes et la principauté d’Achaïe. Il n’y a guère à en dire car si les annales de ces États ont un cachet romantique qui les rend attrayantes, elles ne correspondent au point de vue historique à rien de profond. Le seigneur franc-comtois qui s’était vu attribuer Athènes et Thèbes dut chasser des Thermopyles les Grecs qui voulaient lui barrer la route. Vainqueur, il promit le respect des propriétés et la liberté du culte orthodoxe. Mais à peine installé, il désaffecta au profit des Latins l’église très vénérée qui existait dans le Parthénon, bannit l’archevêque grec et confisqua les biens des monastères. Après quoi, pris de nostalgie, il regagna son manoir de Franche-comté pour ne plus le quitter. Il eut néanmoins une série de successeurs mais dont aucun ne s’implanta. Malgré qu’ils se fussent bâti à Thèbes un vaste palais dont les restes sont visibles encore, leur domination resta précaire. Le dernier duc français voulut utiliser contre ses voisins d’Épire les services de la fameuse compagnie catalane dont les aventures surpassent l’imagination. Ces soldats de métier, sans scrupules comme sans peur, avaient été recrutés pour appuyer en Sicile les prétentions aragonaises. Celles-ci ayant triomphé, ils avaient passé à Byzance, engagés par l’empereur dont les troupes mercenaires baissaient à la fois en nombre et en qualité. Mais l’entente n’avait guère duré. De plus en plus exigeants, les Catalans étaient parvenus à terroriser la capitale et ses environs, pillant, brûlant, saccageant avec une audace et une habileté incroyables. Ce ne fut qu’au bout de plusieurs années qu’ils consentirent à se retirer. Le duc d’Athènes qui les prit alors à solde eut d’abord à se louer de leurs services. Mais ayant trahi ses engagements à leur endroit, il dut livrer contre eux une bataille au cours de laquelle il périt avec la plu-