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histoire universelle

neur des Gaules. C’était, a-t-on dit de lui « un gallo-romain d’Arvernie, fidèle serviteur de l’empire et vaillant soldat avec quelque façon de bravoure gauloise. » L’année suivante, le trône impérial étant vacant, le conseil des Gaules assemblé à Beaucaire l’élit empereur. À noter que les rois barbares qui auraient pu aspirer à la dignité suprême ne semblent même pas avoir osé croire qu’elle pût leur être conférée. C’est que Wisigoths ou Burgundes établis en Gaule et tout environnés des reflets de la gloire romaine avaient conscience, malgré tout de leur infériorité. Rien de pareil chez les Francs. Ils n’étaient point isolés ni clairsemés. Adossés à la Germanie supérieure (comprise entre la région du Rhin et l’Elbe et que peuplaient les Frisons et les Saxons, féroces et ignorants), ils en pouvaient recevoir de continuels renforts. Ignorants eux-mêmes, d’ailleurs, ils n’éprouvaient que des convoitises brutales en regardant vers le sud. Par surcroît ils étaient demeurés païens et ce fut là le secret de leur fortune.

Le christianisme introduit de très bonne heure en Gaule y avait fait au cours du iime siècle beaucoup d’adeptes et principalement parmi les petites gens. Rome n’aimait pas les petites gens ni surtout qu’ils s’associassent. Son ploutocratisme s’alarmait de les savoir assemblés. Leurs humbles corporations étaient de sa part l’objet d’une surveillance méfiante et continue. Or c’est naturellement dans ces milieux que la parole du Christ retentit tout d’abord. De là les persécutions. En 171, elles commencèrent à Lyon. L’évêque Irénée ayant été mis à mort avec dix-huit mille adhérents à la foi nouvelle, l’Église lyonnaise y puisa aussitôt la force que donne aux idées le sang injustement répandu à cause d’elles. Les apostolats de Saturnin à Toulouse, de Denis à Paris, de Trophime à Arles, de Martial à Limoges multiplièrent les conversions. Au ivme siècle il y avait en Gaule quatorze circonscriptions métropolitaines divisées en diocèses, chaque diocèse ayant un évêque à sa tête. C’étaient les cadres administratifs romains que l’Église utilisait de la sorte et dans lesquels elle se glissait. On peut avoir une idée de l’intensité de la vie religieuse qui naissait par le nombre des conciles tenus en Gaule : quinze au ivme siècle ; vingt-cinq au vme ; cinquante-quatre au vime Cet avènement d’un pouvoir nouveau coïncidait précisément avec l’effacement et l’impuissance des anciennes autorités municipales.

Nulle part les rouages municipaux romains n’avaient mieux