d’excommunication de se faire justice par violence du mercredi soir au lundi matin de chaque semaine : étrange compromis qui fait sourire aujourd’hui, mais commença de refréner les brutalités d’une société à peine éclose de la barbarie.
La merveille du règne de Guillaume ne fut point la conquête de l’Angleterre mais bien la préparation de cette audacieuse entreprise. Il y dépensa des trésors d’ingéniosité, de prudence et de persévérance. Un autre se fut trouvé satisfait de circonstances aussi propices car, d’une part, la succession anglaise, faute d’héritiers directs, pouvait assez naturellement être réclamée par Guillaume, proche parent d’Édouard le confesseur et, de l’autre, l’Angleterre était déjà en passe de devenir une terre-sœur pour les Normands dont beaucoup y ayant émigré, occupaient dans ce royaume les fonctions les plus importantes. Édouard lui-même avait passé vingt-sept ans de sa vie en Normandie et c’étaient les mœurs, la langue, la mentalité françaises qui dominaient non seulement à sa cour mais chez les principaux seigneurs. Lorsque Guillaume était venu en 1051 visiter son cousin, il aurait pu se croire chez lui tant l’atmosphère qu’il respirait ressemblait à celle de son pays natal. Ayant pourtant arrêté son dessein après beaucoup de réflexions, le duc s’occupa de se procurer les appuis ou, au moins, les neutralités désirables. Avec une habileté consommée, il sut mettre le Saint-siège dans son jeu : une confidence opportune faite à Philippe ier roi de France amortit d’avance sa jalousie de suzerain. Ensuite il s’adressa à ses sujets ; d’abord aux bourgeois et aux commerçants de Rouen et, seulement, en second lieu, aux seigneurs. Aux premiers qui possédaient déjà à Londres un port franc, il fit entrevoir une prompte augmentation de leur chiffre d’affaires. Les seconds, assemblés à Lillebonne commencèrent par se montrer rétifs. Alors il les prit un à un et les persuada. Parmi le peuple dont sa mère était sortie et qui l’aimait, il eut pu recruter toutes ses troupes mais il ne voulait point affaiblir son duché. Il fit donc appel à la gent belliqueuse qui foisonnait en ce temps là en tous pays. Les chercheurs d’aventures affluèrent de toutes les parties de la France et même des Alpes et des bords du Rhin. Ayant ainsi constitué un corps expéditionnaire, il l’émonda, l’expurgea, le tritura, durcissant les muscles et les âmes par un entraînement à la moderne et arrivant à créer entre ces hommes dissemblables une cohésion extrême. En même temps la flotte se construisait. Tout le monde s’y était mis. Ceux qui ne s’enrôlaient pas ou n’équipaient pas directement des