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Page:Coubertin - Histoire universelle, Tome III, 1926.djvu/84

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histoire universelle

Au bout de vingt ans, Charles le simple fut déposé et Robert devint roi. Mais à peine élevé au trône, il périt dans un combat. Son fils Hugues était trop jeune. Raoul de Bourgogne, son gendre, fut élu. À la mort de Raoul, quatorze ans plus tard, Hugues, se gardant de revendiquer une couronne qu’il jugeait encore prématurée, la laissa placer sur le front d’un jeune prince carolingien, Louis IV, fils de Charles le simple. Il reçut en récompense le titre de duc de France. Cela lui assurait une sorte d’autorité militaire non seulement sur la région d’entre Seine et Loire où il dominait déjà territorialement mais sur la plupart des territoires situés au nord de la Seine. Or pendant que grandissait ainsi la puissance de cette famille destinée au rang suprême, on eût dit que les carolingiens se repliaient vers leur pays d’origine et tendaient à chercher en Allemagne un appui et une protection. Trente années se passèrent encore pendant lesquelles la désaffection à leur égard ne fit que s’accroître. Enfin en 987 à Noyon et à Senlis, Hugues surnommé Capet, fils du duc de France, recueillit les suffrages de ses pairs. Il avait pour lui l’archevêque de Reims, Adalbéron, l’évêque d’Orléans et le moine Gerbert (le futur pape Sylvestre II). Il avait aussi son frère le duc de Bourgogne, ses beaux-frères les ducs de Normandie et d’Aquitaine, son cousin le comte de Vermandois. Tous sentaient — les ecclésiastiques avec plus de netteté, les laïques d’une façon confuse — que l’heure était venue de rompre avec un passé qui ne représentait plus que l’ingérence étrangère. Hugues fut couronné en qualité de « roi des Gaulois, des Bretons, des Danois (Normands), des Aquitains, des Goths, des Espagnols (Catalans) et des Vascons ». L’énumération est à retenir, le nom des Francs n’y figure plus. Sans doute il recouvrait le tout mais dans un sens différent de celui qu’on lui avait donné jusqu’alors. Sa signification serait désormais géographique. Ethniquement, il ne signifiait plus rien.

Il y avait alors en France vingt-neuf souverainetés distinctes — provinces ou fragments de provinces — dont les possesseurs ne voyaient dans ce roi sorti de leurs rangs qu’une sorte de seigneur suzerain appelé à les présider en certaines circonstances ou cérémonies mais obligé par ailleurs de respecter et même de défendre leurs privilèges. Et presque tous, sans aucun doute, considéraient le principe de cet état de choses comme