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Page:Coubertin - Histoire universelle, Tome IV, 1926.djvu/117

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la révolution francaise et l’empire

menace du « blocus continental » — groupant autour de lui à Erfurth un « parterre de rois » (1808) — obligeant après Wagram l’empereur d’Autriche à lui donner en mariage sa fille Marie-Louise[1] et penché bientôt sur le frêle berceau de l’enfant qu’il décore du titre de roi de Rome et dont le destin fera un second Romulus Augustule Le voici à Fontainebleau cherchant à s’emparer de la conscience de Pie VII comme il s’est emparé de sa personne en le faisant enlever du Vatican — à Dresde enfin en mai 1812, au comble de la puissance, régnant sur un empire qui du Zuydersee au Tibre compte cent trente départements et autour duquel gravitent sept royaumes et trente principautés vassales. Et c’est alors la guerre de Russie, la guerre insensée ; à la lueur des incendies de Moscou s’avèrent l’aveuglement de l’homme et la fragilité de son œuvre. Contre lui la haine de l’Europe s’est amoncelée. En octobre 1813 la bataille de Leipzig décide de son sort. Mais l’île d’Elbe qu’on lui assigne est trop proche ; il revient. Pour l’abattre définitivement il faut Waterloo. Dans la sauvage solitude de Sainte-Hélène, le silence de la mort descend enfin sur lui. La fortune pourtant lui a ménagé une ultime apothéose. Le 15 décembre 1840 ses cendres remontant la Seine du Havre à Paris viendront solennellement reposer sous le dôme des Invalides.

C’est là que, le 9 mai 1921, la république française a célébré avec la dignité qui convenait le centenaire de la mort du grand homme. Après avoir payé au génie un juste tribut, un vainqueur récent et plus humain, le maréchal Foch fixa le jugement de l’histoire par cette critique mémorable : « Il a oublié qu’un homme ne peut être un dieu, qu’au-dessus de l’individu il y a la nation, qu’au-dessus des hommes il y a la morale et que la guerre n’est pas le but suprême car au-dessus d’elle il y a la paix ».

  1. Par orgueil et par intérêt dynastique Napoléon répudia à contre-cœur l’impératrice Joséphine dont il n’avait pas d’enfants. Créole de naissance, celle-ci mariée d’abord au général de Beauharnais en avait eu deux enfants. Sa fille Hortense épousa le frère de Napoléon, Louis roi de Hollande et fut la mère de Napoléon III.