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napoléon iii ; l’europe nouvelle

se trouvaient aux prises sans conciliation possible. Le jeune roi de Naples, François II, réfugié à Gaète avec ses fidèles, y luttait contre toute espérance. Quelques régiments français qu’on avait toujours maintenus à Rome veillaient sur le pape. L’Angleterre malicieusement réclamait leur éloignement. Napoléon III était en butte à l’indignation des catholiques français comme à celle des libéraux italiens ; les uns et les autres l’accusaient de « trahisons » imaginaires. Mais l’unité de l’Italie était faite. Lorsque en février 1861 le premier parlement national s’assembla à Turin, il n’y manquait que les députés de Rome et de Venise. Vingt mois avaient suffi à une si prodigieuse transformation.

L’opinion française avait besoin de diversions. Précisément il y en avait à portée. En Syrie et en Chine des interventions avaient été rendues nécessaires et dans des conditions avantageuses car les intérêts nationaux y concordaient avec la défense des privilèges religieux. Au Liban se trouvaient en présence les Maronites, chrétiens protégés par la France depuis l’époque des croisades et les Druses, peuplade batailleuse, que soutenaient volontiers les consuls britanniques pour lesquels il était habituel de chercher à saper en ces régions l’influence française. À plusieurs reprises des conflits sanglants en étaient résultés. Les événements de 1860 revêtirent un caractère de particulière gravité : il y eut cent cinquante villages détruits et dix à douze mille victimes. Une flotte française débarqua des troupes qui rétablirent l’ordre mais l’Angleterre s’arrangea pour limiter l’importance de l’action et en atténuer les résultats. L’empereur se laissa faire. Il ne s’intéressait guère, à ces « pays du passé ». Il rangeait la Chine dans la même catégorie. L’expédition franco-anglaise qui y fut envoyée eût pu assurer définitivement et dignement la sécurité européenne. Mais l’entreprise fut entachée par son but inavoué (le commerce de l’opium) et par de fâcheux pillages. Une démonstration ultérieure en Corée à la suite d’un meurtre de missionnaires demeura sans profit. Si en Indo-Chine un cas similaire développa des conséquences différentes, c’est que l’opiniâtreté de quelques marins y sut utiliser des hasards favorables. L’occupation de Saïgon (1859) entraîna de la sorte la cession des trois provinces de la Basse Cochinchine (1862) à quoi s’adjoignit l’année suivante le pro-