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charles-quint, françois iiier et henri viii

Entre les États de Charles-Quint aucun rapprochement ne s’est opéré. De son vivant l’empereur a renoncé à maintenir sous un sceptre unique Allemands et Espagnols. Il a partagé l’héritage entre son frère Ferdinand qui règnera en Allemagne et son fils, le futur Philippe II qui règnera en Espagne. À ce dernier resteront également soumis les Pays-bas dont un édit de 1549 a réuni les dix sept provinces en corps de nation. La domination triangulaire de la « maison d’Autriche » pèse ainsi sur l’Europe occidentale mais soutenue par le prestige personnel de Charles-Quint bien plutôt que par des réalités gouvernementales. Ses domaines sont isolés les uns des autres. Le bloc ethnique français qui va toujours s’affermissant les sépare. Leur désagrégation sans doute ne serait pas longue à se produire sans les guerres de religion qui pendant trente-huit ans (1560-1598) désoleront et affaibliront la France. La maison d’Autriche, elle, s’inféodera dès le principe à la cause catholique et en tirera profit.

En France lorsqu’Henri II (1547-1560) succède à son père, rien d’irréparable ne semble s’affirmer. On pourrait remettre de l’ordre dans les finances par une sage économie et ainsi supprimer le lamentable expédient de la vénalité des charges auquel François Ier a eu recours. Les conflits religieux qui s’enveniment pourraient encore être neutralisés. Enfin s’il reste des troupes françaises en Italie, le mirage italien a pourtant cessé d’opérer à Paris. C’est sur la frontière de l’est que l’on tend à reporter l’effort : politique traditionnelle et nécessaire qui rattache aussitôt à la France les « trois évêchés » de Metz, Toul et Verdun, villes françaises de langue et de mœurs. Il y a pourtant de l’irréparable. François Ier laisse après lui une institution sans contours précis, sans mission déterminée mais dont le pouvoir corrupteur dépassera l’imagination : la cour. Il y a toujours eu des cours. Tous les souverains, même un Gengis-Khan, ont été entourés de nombreux dignitaires pour rehausser leur prestige et de nombreux fonctionnaires pour les servir. Beaucoup aussi ont eu des favoris et se sont laissé dominer par eux. Mais cette formation de l’aristocratie la plus haute en une sorte de domesticité destinée à pourvoir aux plaisirs des princes, à leur épargner les soucis, à leur servir de perpétuel intermédiaire, à les envelopper d’une atmosphère isolante et feutrée, c’est là une détestable nouveauté. Elle subsistera. Qu’ils le veuillent ou non, les rois seront désormais prisonniers de leur cour au sein de laquelle l’esprit d’intrigue, les vanités exacerbées, les ambitions mesquines, les rivalités, l’hypocrisie, la vénalité fleuriront. La cour,