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qui se donne la satisfaction bizarre de faire faire la même composition à la même heure dans toute la France ? L’homme qui se vantait de ce bel exploit ne faisait, en somme, que pousser à l’extrême un principe pernicieux. — Vous pensez peut être que non moins pernicieuse serait l’organisation qui conférerait aux proviseurs un pouvoir absolu sur leur personnel : d’accord. Aussi, n’est-ce pas là ce dont il s’agit. Si le proviseur connaît mieux son lycée que le recteur, le professeur connaît mieux sa classe que le proviseur. Pourquoi tous ceux qui participent à ce magnifique ouvrage, qui mettent leur signature sur l’être qu’ils contribuent à former, pourquoi ne seraient-ils pas admis aussi à prendre leur part du gouvernement de l’école ? Pourquoi l’autorité du chef ne s’entourerait-elle pas de leurs conseils et ne s’inspirerait-elle pas de leurs idées ? — Et ensuite, qu’y aurait-il de plus naturel que d’appeler à de véritables conciles pédagogiques les proviseurs et les directeurs d’école, tantôt pour une ou plusieurs provinces, tantôt pour la France entière ?

Voilà ce que l’Université ne peut pas accomplir, si l’initiative privée ne lui ouvre pas la voie. C’est à l’enseignement libre qu’il appartient présentement de commencer la réforme en relevant moralement et financièrement la situation des maîtres appelés à un rôle nouveau, plus vaste et plus individuel ; moralement en les associant à la direction des écoles, financièrement en développant le système tutoral. Cet enseignement libre doit être aussi laïque, non pas au sens irréligieux qu’on a le tort d’attacher à ce mot, — ceux-là se font de grandes illusions qui, dans un internat, séparent la religion de l’éducation et ils se condamnent à une médiocrité pédagogique dont ils ne sortiront jamais, — mais en ce sens que les congrégations religieuses retenues dans le cercle étroit d’une règle immuable souffrent précisément du même mal que l’Université : la centralisation.

Quant au système tutoral, avant de l’appliquer, il faudra