se résumait point en un accroissement quelconque de territoire ou de puissance pour leur patrie. L’idéal de l’agent français est trop souvent négatif ; il aspire à ne pas « causer d’ennui » à son gouvernement, à ne pas « se mettre d’affaire sur les bras », et ses chefs hiérarchiques l’encouragent dans cette attitude par la crainte qu’ils manifestent d’avoir à affronter une responsabilité imprévue ou à résoudre un cas délicat. L’Angleterre, à l’inverse, assure à ceux de ses représentants auxquels elle confie des postes lointains une indépendance et une stabilité qui leur permettent d’agir librement sans avoir à demander à Londres des instructions incessantes et détaillées. Le Foreign Office se réjouit de leur initiative et se garde d’entraver leur action ; et si les circonstances l’obligent à désavouer l’excès de zèle d’un fonctionnaire, celui-ci est certain que le désaveu sera compensé magnifiquement. Nous avons fréquemment et en toutes les parties du monde rencontré de tels hommes en travers de notre route, et ils ont su, il faut bien le dire, infliger à notre politique plus d’un échec et d’un déboire.
À Tunis, M. Wood s’employa d’abord à resserrer les liens de vassalité qui étaient censés unir le Bey au Sultan ; replacer Tunis sous le joug de Constantinople, c’était en écarter la France. Puis il se rapproche du consul italien et se servit de son collègue pour mieux nous combattre. Il le poussait en avant, cherchant à le compromettre et à lui faire prendre position d’une manière qui engageât l’avenir. Précisément, les circonstances semblaient favoriser ses desseins : la France se trouvait hors d’état de veiller d’une manière efficace à ses intérêts méditerranéens ; elle était en guerre avec l’Allemagne, et la fortune abandonnait ses