Tunis, nos vaisseaux se portaient vers cette côte avec ordre de protéger le bey contre toute entreprise des Turcs. »
Ces lignes de M. Guizot sont significatives et témoignent des arrière-pensées qu’entretenait déjà la monarchie de Juillet à l’égard de la Tunisie. Louis-Philippe reçut la visite du bey Achmed qui étonna les Français par son luxe oriental ; on lui envoya une mission militaire pour réorganiser son armée. Lorsque plus tard un contingent beylical prit part à l’expédition de Crimée, ce ne fut pas par attachement à la domination ottomane.
L’Angleterre avait d’autres motifs d’intervenir, moins légitimes, mais non moins pressants ; son intérêt bien entendu lui commandait d’empêcher les autres nations de faire dans la Méditerranée ce qu’elle-même a fait à Gibraltar et à Malte, c’est-à-dire de s’y emparer d’une de ces positions qui commandent les principales routes suivies par les navires et donnent à ceux qui les détiennent une prépondérance à laquelle ils ne pourraient prétendre par ailleurs. Quant à l’Italie, elle comptait à Tunis de très nombreux représentants, qui avaient partagé ses ambitions et ses angoisses et avaient travaillé, dans la mesure de leurs forces, à son unification. Devenue une grande puissance, il était à prévoir qu’elle leur marquerait de l’intérêt ; ne lui assuraient-ils pas les moyens de se faire une colonie, sans trop dépenser ni s’exposer, et d’imiter ainsi les autres grandes puissances, ses voisines ou ses rivales ?
Le représentant de l’Angleterre à Tunis, M. Wood, était un de ces agents avisés et audacieux qui vivent à l’affût d’une conquête à réaliser, d’un avantage quelconque à obtenir, et estimeraient leur carrière mal remplie si elle ne