gné, je l’appelle, moi, un coup de fortune pour la France. Si nous nous étions abstenus, il n’y aurait pas eu assez de justes reproches, de malédictions à nous adresser. »
L’attitude de la presse italienne, le voyage du roi Humbert à Vienne et les manifestations sympathiques entre l’Autriche et l’Italie semblaient donner raison à ceux qui prétendaient qu’en entrant à Tunis nous avions jeté l’Italie dans les bras de l’AIlemagne. Il est permis de se demander si toutes les précautions avaient été prises pour ménager les susceptibilités du sentiment national dans la Péninsule et si même les différentes solutions acceptables avaient été l’objet d’un examen préalable suffisamment approfondi. Il n’eût peut-être pas été impossible de trouver, pour l’Italie, sous une forme ou sous une autre, une compensation qui eût, tout au moins, adouci ses regrets et paralysé pour l’avenir sa rancune. Mais l’opposition, chez nous, ne parlait pas ce langage de modération et paraissait peu préoccupée de s’appuyer sur des arguments de haute valeur. C’étaient les accusations les plus absurdes, les calomnies les plus invraisemblables qui avaient chance de produire le plus d’effet et de causer le plus de dommage.
Un mouvement d’évolution, néanmoins, se dessina dans les rangs de la majorité : elle commençait à savoir gré au gouvernement des responsabilités qu’il n’avait pas craint d’assumer. Seulement, le ministère qu’elle croyait avoir reçu la mission de soutenir n’était pas fait ; il n’existait que dans la coulisse, et les hommes qui occupaient le banc ministériel prenaient, aux yeux des députés et de leurs électeurs, comme un aspect vague d’usurpateurs. On attendait Gambetta.