tard pour le sauver. Le 21 avril de cette même année (1884), M. Gladstone convoqua une conférence, à l’extrême indignation du parti chauvin, pour l’entretenir des affaires d’Égypte[1]. Jules Ferry saisit habilement cette occasion de proposer l’établissement d’un contrôle international à l’ombre duquel nous eussions pu rétablir notre influence. L’indifférence de l’Europe fit échouer son plan ; la conférence ne réussit pas ; personne n’y prit la parole. Évidemment les gouvernements qui avaient permis à l’Angleterre de triompher seule en Égypte n’étaient point enclins à l’aider maintenant qu’elle s’y trouvait aux prises avec les difficultés. Mais l’Angleterre en prit son parti et resta en Égypte : nous ne pûmes que travailler au maintien du statu quo et empêcher des empiétements nouveaux[2].
Tels sont, trop brièvement résumés, ces événements qui tirent perdre à la France une partie du prestige qu’elle s’était acquis, à l’extérieur, pendant les années précédentes et qui troublèrent si profondément ses relations avec l’An-
- ↑ M. Gladstone avait toujours témoigné de son peu d’enthousiasme à l’égard des conquêtes nouvelles en général et de celle de l’Égypte en particulier. Dans une déclaration faite aux communes le 8 février 1882, il écartait l’idée d’une intervention exclusive, admettant non seulement la France, mais les autres puissances à y participer. Il était donc logique avec lui-même en revenant à l’idée d’une intervention collective, le jour où l’aventure menaçait de tourner au tragique par suite d’un violent réveil du fanatisme musulman.
- ↑ En 1883, l’Angleterre conclut avec la Porte une convention dont les clauses aggravaient l’état des choses et légalisaient en quelque sorte la présence de ses troupes sur les bords du Nil. L’intervention énergique de M. Flourens s’exerça à point : le comte de Montebello, notre ambassadeur à Constantinople, communiqua à la Porte une sorte d’ultimatum. et la convention négociée par sir Drummond Wolf fut rejetée.