et se mit sans retard à la besogne. Le zèle intempestif d’un haut fonctionnaire avait, à l’occasion du manifeste publié par le prince Napoléon, créé une agitation autour de la « question des princes ». Jules Ferry, pressé, avant tout, d’en finir avec ce mouvement qu’il trouvait inutile et dangereux, retira l’activité de service au duc d’Aumale, au duc de Chartres et au duc d’Alençon. Il en éprouva sans doute quelques regrets, mais ne s’y attarda pas : c’était, à ses yeux, un sujet secondaire. Tout se décomposait pour lui, dans la pratique, en deux catégories : les mesures nécessaires qu’il défendait avec une ténacité, une persévérance, une volonté qu’aucun autre homme d’État ne surpassa jamais, et les mesures secondaires pour lesquelles il faisait très volontiers le sacrifice de ses préférences personnelles. Ainsi s’explique l’accusation de faiblesse à laquelle cet homme si fort s’est vu parfois en butte. C’était d’ailleurs son opinion que dans l’état actuel des deux Chambres et du parti républicain, « la frontière de la majorité pouvait être portée très avant et très loin du côté gauche[1] ».
Chaque fois qu’ils se trouvaient en présence d’un nouveau groupement ministériel, les radicaux présentaient une proposition d’amnistie, afin de se compter et d’inspirer au cabinet une crainte salutaire. L’amnistie, cette fois, fut rejetée par 381 voix contre 84. On vit bientôt que ce ministère-là ne ressemblait pas aux autres, qu’il prétendait
- ↑ Discours prononcé au banquet du Cercle national, le 9 mars 1883.
conditions ces trois portefeuilles changèrent de titulaires peu après. Ses autres collaborateurs étaient MM. Waldeck-Rousseau, Martin-Feuillée, Tirard, Méline, Raynal, Hérisson : ce dernier appartenait à une nuance d’opinions plus avancée.