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le ministère jules ferry.

ciale des fleuves africains, du Niger et du Congo. Cette conférence s’ouvrit le 15 novembre et procéda à d’importants partages.

La bataille parlementaire cependant devenait, de jour en jour, plus rude à soutenir. Pour ramener les hésitants et obtenir les crédits du Tonkin (16 millions étaient nécessaires pour la fin de 1884 et 43 millions pour l’année 1885), Jules Ferry dut ordonner la publication de toutes les archives diplomatiques relatives au Tonkin ; on n’y trouva rien à reprendre[1] ; la fermeté, la netteté, la modération du président du conseil lui assurèrent une majorité de 100 voix, mais au prix de quels efforts ! Cette majorité ressemblait à une troupe d’écoliers en classe ; il fallait la surveiller continuellement et rester vis-à-vis d’elle sur une défensive à la fois amicale et sévère. Grâce à un vote de surprise, l’extrême gauche avait, avec l’appui de la droite, établi le suffrage universel direct pour l’élection des sénateurs ; une vive inquiétude s’empara des modérés quand ce résultat inattendu fut proclamé. Le péril était grand. Le président du conseil, sans perdre un moment, porta la loi devant le Sénat qui rétablit le suffrage à deux degrés et, la rapportant devant la Chambre, l’amena à se déjuger ; six jours avaient suffi pour cette campagne d’un nouveau genre.

Le 1er janvier 1885, le ministère entrait dans la troisième année de son existence[2] ; aux élections sénato-

  1. M. Clemenceau avait violemment attaqué le président du conseil, l’accusant d’avoir altéré après coup un texte important. Il se trouva que tout se bornait à cette insignifiant correction : « Je crois la paix possible », au lieu de : « Je suis convaincu que la paix est possible. »
  2. M. Maurice Rouvier venait d’être nommé ministre du commerce en