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avant-propos.

l’héritage. À défaut d’attachement à la dynastie impériale, la plupart des royalistes avaient le goût des choses de l’Empire ; ils aimaient sa manière de gouverner et regrettaient, au fond du cœur, que leur prince n’eût pas su s’en servir le premier. L’alliance « conservatrice », qui se forma ultérieurement entre les partisans des divers régimes monarchiques, ne fut pas aussi artificielle qu’on l’a cru longtemps. Les conservateurs étaient divisés par le nom bien plus que par la nature des solutions ; leurs vœux, sur la plupart des points, se confondaient.

Par une étrange ironie du sort, ils ont puissamment aidé à fortifier la République en obligeant les républicains à la sagesse et en ne leur abandonnant les positions que peu à peu. La Chambre des députés leur échappa la première, puis la Présidence, puis le Sénat, puis les assemblées départementales et communales. La République absorba la moelle de leurs doctrines ; elle s’assimila ce qui s’y trouvait d’utilisable pour elle et transforma de la sorte les conservateurs en révoltés. Sa force a résidé, pour une large part, dans ce fait qu’à aucun moment elle n’eut grande confiance en elle-même. Les monarchies se croient toujours profondément ancrées dans l’amour des peuples, parce que le monarque vit isolé du peuple par les courtisans. La République, à l’inverse, se crut moins stable qu’elle ne l’était en réalité. Elle ne connut point la sécurité com-