Page:Coubertin - L Evolution Francaise sous la Troisième République, 1896.djvu/21

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avant-propos.

gissent lui conviennent, si elles favorisent ce développement ; les hommes qui la dirigent sont à la hauteur de leur tâche, s’ils lui ouvrent largement l’avenir sans lui laisser perdre de vue son passé.

Cet accord entre hier et demain est donc le critérium du progrès. Toute période de véritable progrès national forme une sorte de trait d’union entre ce qui a précédé et ce qui va suivre. Quelles que soient les apparences et les probabilités, il serait téméraire de dire que le régime actuel remplit ces conditions. Nous sommes à un tournant de siècle où trop d’incertitude pèse sur nos destinées pour autoriser un tel langage ; mais rien qu’en mettant les uns au bout des autres les faits nombreux et divers qui composent son histoire, il est visible que la troisième République s’est considérée comme l’héritière de toute la France ; elle n’a rien répudié des traditions nationales ; elle les a reprises sur plus d’un point. Elle a fourni, en tous les cas, une preuve nouvelle de la justesse de cette pensée si joliment exprimée par notre vieux poète Ronsard :

Le Français semble un saule verdissant ;
Plus on le coupe et plus il est naissant,
Il rejetonne en branches davantage
Et prend vigueur dans son propre dommage.