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la france coloniale.

et on a consenti à jeter les yeux sur une carte d’Extrême-Orient pour connaître ses limites et deviner ses besoins. Ils y sont inscrits très nettement ; la géographie de ces régions est, en effet, éminemment suggestive et rend claires, à première vue, les rivalités européennes qui y sont en jeu. L’Indo-Chine ne se compose pas seulement du Tonkin, de l’Annam et de la Cochinchine, c’est-à-dire de cette portion de territoire, étroite et peu fertile vers le milieu, large et riche à ses extrémités, que les indigènes ont pu comparer, en toute vérité, à un bâton portant deux sacs de riz. L’Indo-Chine comprend encore, outre le Cambodge qui est sous notre domination, le royaume de Siam et la Birmanie. Ces différents pays sont parcourus par de nombreuses voies fluviales et principalement par quatre grands fleuves, l’Iraouaddy, le Ménam, le Mékong ou Cambodge et le Song-Koï ou Fleuve rouge. Un système montagneux très développé s’étend sur leurs frontières septentrionales, et une question s’y pose qui domine toutes les autres, celle de la pénétration en Chine.

La Chine a toujours été l’objectif des puissances européennes : commerçants, ingénieurs, industriels ont rivalisé de zèle pour s’en faire ouvrir les portes. Longtemps, l’union de l’Europe en face de la Chine fut complète ; les puissances occidentales agissaient de concert et puisaient dans leur entente une grande force devant laquelle l’immobilité chinoise eût fini forcément par céder. Après 1870 les choses changèrent : l’Allemagne et l’Italie entrèrent en scène : il en résulta des diversités d’intérêts qui eurent leur contre-coup en Extrême-Orient ; et comme les mandarins et les privilégiés redoutaient fort l’invasion de la