nous l’avons vu, en furent signés à Paris le 4 avril : le traité définitif, négocié par M. Patenôtre, fut signé à Tien-Tsin le 9 juin : l’Annam et le Tonkin, définitivement soustraits à l’influence chinoise, passaient sous la suzeraineté incontestée de la République française.
Nous avons suffisamment indiqué, à propos de la Tunisie, les écarts de langage, les exagérations, les calomnies, les soupçons auxquels l’esprit de parti s’était laissé entraîner dans la discussion des affaires coloniales ; il est inutile d’y revenir, si ce n’est pour faire remarquer que les succès obtenus en Tunisie ne profitèrent pas au Tonkin ; les « Tonkinois » furent en butte à des attaques d’une violence inouïe et aux accusations les plus mensongères[1]. Puis le temps fit son œuvre, et, devant l’unanimité des témoignages les plus imprévus et les moins suspects, il fallut bien se rendre à l’évidence et reconnaître le Tonkin pour « l’une des parties les plus riches de l’Indo-Chine[2] ». Ses mines, son delta si propre à la culture du riz, ses régions montagneuses où pourraient s’élever d’immenses troupeaux de chevaux, de bœufs et de moutons, son climat salubre, tout contribue à en faire une terre essentiellement favorable à la colonisation. On s’est donc décidé, selon le joli mot de Jules Ferry, à accueillir le Tonkin dans la grande famille française, non sans « le bouder » un peu,
- ↑ On prétendit dans la presse, dans les livres et même à la tribune de la Chambre que l’expédition avait coûté un milliard et demi et 36,000 hommes. Or au 1er décembre 1889 les dépenses s’élevaient exactement à 334,802,379 francs, et la perte d’hommes, de 1883 à 1889, atteignait un total de 9,067. (Voir Jules Ferry, Le Tonkin et la mère patrie.)
- ↑ J.-L. de Lanessan, L’expansion coloniale de la France, 1 vol. Paris, 1886. Voir aussi les articles publiés par le prince Henri d’Orléans.