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la crise (1885-1889).

favorable. Un comité central, présidé par M. Lambert de Sainte-Croix, invita les électeurs à courir au plus pressé en « arrêtant la France sur la pente de la ruine et de l’anarchie ». Des solutions futures du problème gouvernemental, il ne fut pas question. « Chacun y cache son drapeau, chacun y dissimule le parti auquel il appartient », disait de l’Union conservatrice le prince Napoléon, dans une lettre à un ami auquel il exposait les motifs de son abstention. Le fait est que pour réunir sur une même liste MM. de Cassagnac, Decazes, Keller, Haussmann, Édouard Hervé, de Mun, Robert Mitchell, il était impossible de sortir du vague et de l’imprécis.

Les élections eurent lieu le 4 octobre : 176 réactionnaires et 127 républicains furent élus, 270 sièges restèrent en ballottage. Le Nord, le Pas-de-Calais, la Somme, le Calvados, l’Eure, le Finistère, les Landes, les Hautes et Basses-Pyrénées, l’Indre, le Tarn-et-Garonne, l’Ardèche et l’Aveyron étaient conquis par la réaction. À Paris, 4 députés seulement étaient élus sur 38 ; la liste Clemenceau avait en moyenne 150,000 voix, et la liste Tolain 105,000. Les révolutionnaires en obtenaient 26,000 et les conservateurs 87,000. Mais, tandis que la déception des républicains, loin de dégénérer en panique, faisait, dans leurs rangs, l’union plus complète, le triomphe parut griser les réactionnaires. M. de Cassagnac dévoila trop tôt la « pensée de derrière la tête » de ses amis, et l’opinion qui demeurait, au fond, hostile à toute forme de révolution, eut le temps de se ressaisir : le scrutin de ballottage du 18 octobre ne fit passer que 25 réactionnaires contre 244 républicains. Au point de vue numérique, la situation était sen-