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la crise (1885-1889).

siblement la même qu’en 1877, mais l’échec moral était plus grave ; il frappait les institutions par-dessus les hommes[1]. L’opposition de droite comprenait maintenant 65 bonapartistes, 73 monarchistes et 64 réactionnaires de nuance indéterminée[2] ; la gauche, 107 radicaux et 275 républicains, dont 75, pour le moins, inclinaient vers le radicalisme. Dès les premières séances, on put se rendre compte que l’appel de M. Brisson, qui préconisait courageusement une politique d’affaires, ne serait pas entendu. Dès que le Tonkin se trouva de nouveau en jeu, l’entente se fit entre la droite et l’extrême gauche. Le gouvernement proposait de reporter sur l’année 1886 certains crédits votés pour 1885, non dépensés, et qui compléteraient la somme nécessaire pour 1886. Une coalition qui allait de MM. Raoul-Duval et Dompierre d’Hornoy jusqu’à MM. Clemenceau et Rochefort, décida la nomination d’une commission de 33 membres chargée d’examiner en détail tout ce qui s’était fait par rapport au Tonkin ; 26 députés favorables à l’évacuation et 7 hostiles furent élus, et la commission, se partageant aussitôt en trois sous-commissions : militaire, diplomatique, économique, présidées par MM. Lockroy, Andrieux et Boysset, se mit à la besogne avec ardeur. Ce ne fut pas seulement au Tonkin et à l’étranger que ces évé-

  1. Il peut être intéressant de comparer les totaux des suffrages républicains et réactionnaires aux élections de 1876, 1877, 1881 et 1885 ; les chiffres furent les suivants :

    1876…    4,028,153 républicains.    3,202,335 réactionnaires.   
    1877…    4,367,202
    3,577,882
    1881…    5,128,442
    1,789,767
    1885…    4,327,162
    3,541,384
  2. Il est à remarquer que les principaux chefs, MM. de Broglie, Decazes, de Meaux, de Fourtou, n’avaient pu se faire réélire.