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la crise (1885-1889).

ment : on cria à l’injustice. C’était là une symptôme grave entre tous. L’armée, par la voix de ses chefs les plus autorisés, proclamait qu’un officier supérieur avait failli à ses devoirs ; elle le rejetait comme indigne, et l’on hésitait à ratifier le verdict !

Peu de jours après, un vote d’urgence sur la revision de la constitution dont, au fond, personne ne se souciait sérieusement, renversa le cabinet ; les radicaux arrivèrent au pouvoir, comme pour suivre de plus près, par une ironie du sort, l’aboutissement de leur œuvre de désorganisation et rendre évidente l’incapacité gouvernementale à laquelle les condamnaient leurs théories aussi bien que les circonstances[1]. Pendant ce temps une agglomération d’aventuriers politiques se formait autour du « Comité de la rue de Sèze », attendant des faveurs et des places, et la « jeunesse conservatrice » arborait l’œillet rouge, symbole de ses tendances dictatoriales. Il était de bon goût d’être boulangiste : dans les salons parisiens, le général recueillait des sourires et aussi — on l’apprit plus tard — des subsides pour sa cause. Le regard impénétrable, l’allure paisible comme un homme qui ne se sent pas inférieur à sa destinée, si grande soit-elle, il se mouvait à l’aise au milieu du parti le plus bizarre qui fût jamais réuni autour d’un homme politique.

  1. M. Floquet devint président du conseil et choisit pour collaborateurs MM. de Freycinet (guerre), Goblet (affaires étrangères), Ferrouillat, l’amiral Krantz, Peytral, Deluns-Montaud, Viette, Lockroy, Pierre Legrand. Peu de temps avant, l’ambassadeur de Russie avait enfin été autorisé par son gouvernement à entretenir des relations avec le président de la Chambre, lequel, de ce jour, fut considéré comme ministrable. On sait que, dans sa jeunesse, M. Floquet s’était laissé aller à prononcer un jour des paroles injurieuses pour le tsar Alexandre sur le passage de ce souverain, hôte de Napoléon iii.