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le triomphe de la république.

lecture : sa communication fut accueillie par un fou rire, tant la ridicule exagération du langage et l’absurdité des idées en disaient clairement l’origine falsifiée. Les députés furent un peu confus d’avoir écouté ces sornettes, et l’opi- nion de s’y être laissé prendre.

Le calme était déjà revenu dans les esprits quand s’ouvrit la période électorale. Les chefs et les hommes importants de chaque parti avaient chacun leur mot à dire. MM. Casimir-Perier, Constans, Spuller, firent entendre la note modérée, et M. Goblet donna le la aux « socialistes de gouvernement ». M. Léon Say parla en vieux libéral, et M. d’Haussonvilie en monarchiste impénitent ; les constitutionnels entraient en scène sous la direction très loyale du prince d’Arenberg, leur lieutenant-colonel[1]. M. Dupuy se disait assuré du succès de cette grande consultation nationale ; sa bonhomie, son bon sens plaisaient au pays, charmé de trouver enfin un homme sûr de lui ; la confiance était peut-être la qualité qui avait le plus fait défaut à ses prédécesseurs ; on ne l’en appréciait que davantage. Rien ne troublait la sérénité du président du conseil, ni les désordres provoqués par les étudiants, qui, secondés puis débordés par les ouvriers en grève, mirent, pendant deux semaines, un quartier de Paris en révolution[2], ni

  1. Le parti avait pour chef nominal son fondateur, M. Jacques Piou.
  2. À la suite d’une condamnation prononcée contre quelques étudiants coupables d’avoir exhibé au « Bal des Quatre-z-Arts » des costumes indécents, une certaine effervescence s’était manifestée au quartier latin. La police intervint avec brutalité : pendant une charge dirigée contre le café d’Harcourt, un jeune homme inoffensif, M. Nuger, fut tué accidentellement par un objet que lançait un agent ; ce fut le signal de véritables émeutes qui se renouvelèrent pendant plusieurs jours et furent réprimées d’une manière violente. L’association générale des étudiants dégagea sa respon-