Page:Coubertin - L Evolution Francaise sous la Troisième République, 1896.djvu/294

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
273
le triomphe de la république.

rent à leurs places, et la délibération[1] fut à peine interrompue. De tels incidents, pour pénibles et inquiétants qu’ils fussent, ne pouvaient diminuer l’impression de calme bienfaisant qui pénétrait les esprits. Chacun sentait que la période des grandes luttes politiques était close et que les oppositions dynastiques avaient perdu leur raison d’être.

Ici, au seuil de cette année 1894, que devait assombrir un grand deuil national, nous arrêterons cette étude : la pousser plus loin, ce serait s’exposer à empiéter sur l’avenir incertain ; les événements qui l’ont marquée n’ont pas achevé de produire leurs effets ; il en est un dont les conséquences se sont manifestées, toutefois, avec une instantanéité qui permet de les apprécier dès maintenant. Le crime du 24 juin 1894 a donné à la République la consécration suprême ; les misérables qui l’ont conçu n’avaient point songé aux chocs en retour de l’éternelle justice. Après avoir offert l’exemple de toutes les vertus publiques et privées, le président Carnot se préparait, sa tàche accomplie, à remettre en d’autres mains les hautes fonctions qu’il exerçait depuis 1887. Il s’estimait heureux d’avoir consacré à son pays, selon sa promesse, tout ce qu’il avait de force et de dévouement, et pensait rester fidèle à l’esprit de la Constitution en n’acceptant pas le renouvellement de ses pouvoirs. Il goûtait une dernière fois, dans les rues illuminées de Lyon, la joie des acclamations sincères et d’une popularité qui allait s’accentuant chaque jour. Il venait de prononcer un de ces discours réfléchis où l’on

  1. La plupart des parlements étrangers adressèrent à la Chambre française et à son président l’expression de leur sympathie et de leur admiration.