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la république et l’église.

naires ; un autre jour on réduit le traitement de l’archevêque de Paris, ou bien on modifie la formule du serment pour en exclure le nom de Dieu[1]. Mais là s’arrête l’initiative des députés. Pendant la première partie de la période présente, certains d’entre eux proposent indéfiniment la suppression de l’ambassade française auprès du Vatican et la séparation de l’Église et de l’État ; ceux-là sont les premiers à se réjouir quand la majorité se prononce contre eux, tant ils se sentent en désaccord avec le suffrage universel. Le suffrage universel, lui, est résolu et persévérant ; peu à peu il efface des programmes ces réformes dont il entrevoit le vide et la stérilité. Il se rend compte que, si la séparation se faisait, « la discorde serait au sein de toutes les familles et la désunion des Français plus grande qu’à aucune autre époque. Combien de temps une pareille crise durerait-elle ? C’est ce que nul ne saurait dire. Comme il n’est pas dans la nature des crises de se perpétuer, le pays voudrait y mettre un terme. Bien vite on recommencerait à parler de pacifcation religieuse, d’apaisement nécessaire[2]. » L’expulsion des congréga-

  1. Au Sénat, en mars 1882, Jules Simon représenta son amendement voté l’année précédente, mais non accepté par la Chambre et tendant à inscrire dans la loi scolaire les mots : « Devoirs envers Dieu et envers la Patrie » (inscrits d’ailleurs dans les règlements par le conseil supérieur). — « Il me répugne à moi, vieux professeur, dit-il, de voir une loi d’enseignement, et surtout d’enseignement primaire, de laquelle le nom de Dieu a été retiré : cela me choque, cela m’afflige. Pendant la période active de ma vie, nous avions tous cette croyance en Dieu. Nous regardions comme notre premier devoir de législateurs d’écrire Dieu dans nos lois, comme notre premier devoir de républicains de venger la République de toutes les attaques qu’on lui fait quand on dit qu’elle est impie : nous le demandons aussi pour nos soldats, et nous croyons que, quand nous disons à un homme : « Marche au-devant de la mitraille », il est bon de lui dire que Dieu le voit. »
  2. Eug. Spuller, L’évolution politique et sociale de l’Église.