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la république et l’église.

sortent, et il va les y chercher dès qu’ils s’y renferment[1]. »

Le 8 février 1884, le pape Léon xiii, qui, depuis six ans déjà, avait remplacé Pie ix sur le siège apostolique, adressa aux évêques français une première lettre de conciliation, les exhortant à ne pas se montrer hostiles au gouvernement.

C’était comme le signal lointain de l’évolution considérable qui se préparait. L’Église, à cette époque, ressemblait à ces gouvernements parlementaires où, par le jeu naturel et régulier des institutions, les partis se succèdent alternativement au pouvoir et où une minorité libérale, puissante, se fortifiant sans cesse, apparaît comme devant prochainement remplacer la majorité réactionnaire. Seulement, quand il s’agit de l’Église, les courants sont si cachés, la personne même du Pape, dans sa toute-puissance morale, joue un rôle si prépondérant, qu’à moins d’y regarder de très près, on ne sait pas toujours prévoir les événements. Les réactionnaires avaient acclamé les nouveaux dogmes, accepté avec enthousiasme le Syllabus ; le grand mouvement provoqué par Lamennais, Lacordaire et Montalembert semblait avoir échoué définitivement ! Lamennais, imprudent dans son langage, avait, par son impatience, préparé sa défaite et découragé ses alliés. Lacordaire, ayant semé la bonne parole, s’était retiré auprès de la jeunesse et avait tenté de la former en vue des luttes à venir. Montalembert s’était tu, laissant s’user le courant rétrograde. Une seule fois, il avait repris la parole. C’était à Malines, le 18 août 1863. Il y avait là une grande assemblée de deux à trois mille catholiques, parmi lesquels le cardinal

  1. Eug. Spuller, L’évolution politique et sociale de l’Église.