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Page:Coubertin - L Evolution Francaise sous la Troisième République, 1896.djvu/324

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la république et l’église.

expressions inconsidérées, et Mgr Isoard, évêque d’Annecy, qui, le premier, avait adhéré aux déclarations du cardinal Lavigerie, s’efforça d’établir l’absolue indépendance des évêques à l’égard du pouvoir civil. Le contre-coup se fit sentir à la Chambre qui discuta (11 décembre 1891) une interpellation sur les « menées cléricales ». Le langage de certains députés y fut à la hauteur de la circonstance, et l’on put se demander si la diplomatie pontificale ne venait pas de recevoir un suprême échec et si de la généreuse initiative de l’archevêque d’Alger, il restait autre chose que le souvenir d’une chimérique espérance, ironiquement démentie par les événements. Mais le Pape avait résolu d’employer la patience, la douceur et l’entêtement, moyens d’action qui, mis au service d’une idée raisonnable et opportune, finissent presque toujours par triompher.

Jusque-là, le haut clergé ne lui avait opposé qu’une résistance passive ; il entra dans la voie de la résistance ouverte ; les cardinaux Desprez, archevêque de Toulouse, Place, archevêque de Rennes, Foulon, archevêque de Lyon, Langénieux, archevêque de Reims, Richard, archevêque de Paris, rédigèrent une sorte de long réquisitoire contre les institutions républicaines qu’on appela la « déclaration des cardinaux » et qui fut rendu public le 22 janvier 1892. Les enseignements récents du Saint-Siège y étaient combattus non dans la forme, mais dans l’esprit. La réponse du Souverain Pontife, en date du 16 février,

    médiocrement surpris de vous voir comparaître à leur barre pour être jugé, la France entière sera debout. C’est à elle que vous parlerez. » À l’issue de l’affaire, Mgr Gouthe-Soulard publia un livre intitulé : Mon procès, mes avocats. On remarqua que le télégramme qu’il avait adressé au cardinal Rampolla était demeuré sans réponse.