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la république et l’église.

replaça la question sur le terrain d’où on cherchait à la faire dévier. « Acceptez la République, c’est-à-dire le pouvoir constitué et existant parmi vous, disait-il ; respectez-le ; soyez-lui soumis comme représentant le pouvoir venant de Dieu… En politique, plus qu’ailleurs, surviennent des changements inattendus… ces changements sont loin d’être toujours légitimes à l’origine ; il est même difficile qu’ils le soient. Pourtant le criterium suprême du bien commun et la tranquillité publique imposent l’acceptation de ces nouveaux gouvernements, établis en fait à la place des gouvernements antérieurs qui ne sont plus. Ainsi se trouvent suspendues les règles ordinaires de la transmission des pouvoirs, et il peut se faire même qu’avec le temps elles se trouvent abolies. »

Léon xiii adressa, le 19 février, une lettre encyclique aux catholiques de France ; la veille même une nouvelle interpellation s’était produite au Palais-Bourbon ; la déclaration des cardinaux y avait été bruyamment discutée, et le cabinet Freycinet était tombé sous les coups coalisés de la gauche radicale et de la droite royaliste. On ne doutait plus maintenant qu’on fût en présence d’un plan parfaitement réfléchi et dont une inflexible volonté poursuivrait l’exécution sans se laisser rebuter par aucune difficulté. Les résistances se multipliaient néanmoins, tant à droite qu’à gauche. Le cardinal Richard publiait une lettre pastorale en opposition de pensée avec l’encyclique. Il y eut, cette saison-là, des conférences contradictoires dans certaines églises ; elles causèrent beaucoup de tumulte[1].

  1. À Saint-Merri, les conférences du Père Le Moigne sur « la solution du paupérisme, le marxisme, le possibilisme, le nihilisme », provoquèrent