vements, et quand éclata l’insurrection communiste, qui ajouta aux horreurs de la guerre étrangère celles de la guerre civile, on voulut les en rendre responsables ; on oubliait qu’ils avaient tenu en respect pendant six mois les éléments de désordre ; on leur reprochait de n’avoir pas su les anéantir. Il y eut contre eux un mouvement de réaction injuste qui les écarta du pouvoir ; les uns, comme Gambetta, Jules Ferry, Jules Simon, devaient y revenir et y faire preuve des plus hautes qualités politiques : les autres, comme MM. Crémieux, Garnier-Pagès, Glais-Bizoin, ne reparurent plus au premier rang[1].
L’un des plus dignes fut aussi l’un des plus calomniés, Jules Favre. Sa popularité était grande au 4 septembre ; il la paya bien cher. La destinée le condamna à mettre son nom au bas du fatal traité de paix qui démembrait son pays, et son pays était ce qu’il aimait le plus au monde. Ses ennemis, trouvant dans sa vie privée une plaie mal fermée, la rouvrirent et la fouillèrent avec une cruauté barbare. On tourna en ridicule les élans de sa sensibilité en présence du vainqueur, et les délicatesses de sa modestie demeurèrent incomprises[2]. La fin de sa carrière fut une montée de calvaire, et pourtant dans sa correspondance on ne relève qu’une seule plainte — bien douce — arrachée à son courage par ses souffrances[3].
- ↑ M. Jules Ferry, nommé préfet de la Seine par M. Thiers le 26 mai 1871, fut remplacé le 5 juin 1871 par M. Léon Say et nommé, l’année suivante, ministre de France à Athènes, d’où il revint prendre son poste de député à la chute de M. Thiers. M. Ernest Picard fut ministre à Bruxelles. M. Emmanuel Arago occupa pendant des années le poste d’ambassadeur à Berne. Le général Trochu se retira et, depuis lors, vécut dans la retraite.
- ↑ Jules Favre, par E. de Pressensé, Journal des Débats, août 1880.
- ↑ « Rabattre quelque chose de la bonne opinion qu’on est tenté d’avoir