la dernière maison du village, à l’heure où s’éteignent les bruits du travail et de la vie, et faites-leur lever les yeux vers le ciel étoilé. Ils ne l’ont jamais vu ; ils n’ont jamais été saisis de cette pensée des mondes innombrables et de l’ordre éternel, de l’éternel mouvement de l’univers. Éveillez-les à ces idées nouvelles !… » Ce sont là de belles illusions. Pour être saisi par la pensée de l’ordre éternel des choses, il faut avoir déjà beaucoup songé et beaucoup appris. Ce qui indique d’ailleurs que l’on a fait fausse route, c’est la déplorable apathie dans laquelle retombent, après l’école, ceux qui l’ont le plus assidûment fréquentée[1] et qui ont paru le mieux profiter de ses enseignements. Il faut se garder d’observer les effets de la loi scolaire dans les villes, sur les enfants des ouvriers, lesquels vivent dans un milieu où les occasions de s’instruire sont déjà plus nombreuses et où l’instruction est plus appréciée. C’est dans les bourgs, dans les villages, dans les hameaux, qu’il importe d’en étudier les conséquences. Les paysans, après tout, représentent la grande masse de la population ; et s’ils demeurent dans l’ignorance, pendant que les autres classes de citoyens s’instruisent, une fissure profonde se creusera dans le sein même de la nation. Or, c’est un fait qui frappe tous les esprits impartiaux : l’instruction répandue si généreusement ne pénètre point les milieux ruraux. Les enfants achèvent leurs classes, obtiennent même le certificat d’études, mais ils donnent à ceux qui les examinent l’impression d’un fiasco pédago-
- ↑ Depuis que ces lignes sont écrites, un Congrès s’est tenu au Havre (septembre 1895), en vue d’étudier l’organisation de l’enseignement des adultes.