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les premières années

-Paradol[1], le Français qui ne repousse aucune des formes du gouvernement libre, qui ne souffre point l’idée de troubler le repos de la patrie par ses ambitions et ses préférences personnelles, qui n’est ni enivré, ni révolté par les mots de république ou de monarchie, et qui borne à un seul vœu ses exigences : que le pays règle lui-même sa destinée par le moyen d’assemblées librement élues et de ministères responsables. » Il est parfaitement certain que tel était, parmi les électeurs de l’Assemblée nationale, l’état d’esprit dominant ; il n’était pas le même parmi les élus : un certain nombre de députés, nouveaux venus dans la politique, appartenaient à cette catégorie de hobereaux provinciaux qui avaient boudé l’Empire et jalousé les Parisiens, et passaient une part de leur existence à chasser, l’autre à regretter l’ancien régime. À côté d’eux siégeaient quelques républicains exaltés qui ne pardonnaient point au 4 septembre de s’être fait sans eux et prétendaient renchérir sur les doctrines des hommes les plus en vue de leur parti. Les premiers devaient leur mandat à l’influence que leur assuraient, dans les provinces, leurs propriétés territoriales ; les seconds, à l’action qu’exerçaient dans certains milieux leurs déclamations violentes et leurs promesses fallacieuses. Les uns et les autres étaient « enivrés ou révoltés par les mots de république ou de monarchie ». Ainsi, dès le principe, la situation se dessinait, telle qu’elle devait se maintenir pendant vingt ans ; cet équilibre, qui allait être la condition d’existence de la République, elle se trouvait appelée, dès le premier jour, à le réaliser, en

  1. La France nouvelle, par Prévost-Paradol.