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les idées et les mœurs.

du dix-neuvième siècle, occupait le second rang parmi les nations de l’Europe ; elle vient aujourd’hui au cinquième rang. L’Autriche l’a dépassée depuis vingt ans. L’Allemagne, qui avait en 1870 le même nombre d’habitants, en compte maintenant treize millions de plus, malgré l’émigration qui, chaque année, lui a enlevé un contingent important ; enfin l’Angleterre, dont la superficie ne représente que les trois cinquièmes de celle de la France et qui fournit des colons à un empire immense, surpasse de trois cent mille environ le total français. Comment expliquer une telle infériorité ? En admettant même que la vie des peuples reproduise exactement les phases de la vie des hommes : adolescence, virilité, vieillesse (et c’est là une hypothèse ingénieuse et séduisante au premier abord, mais dont la critique historique démontre la fausseté), peut-on dire que la vieillesse de la France est commencée ? Une nation sur son déclin ne saurait puiser dans une catastrophe comme celle de 1870 de pareils éléments de rénovation. Ce n’est pas au seuil de la décrépitude qu’on entreprend un tel labeur, qu’on soutient un tel effort. Et pourtant le fait est là, brutal. Il est impossible de se refuser à l’évidence ; la race française paraît frappée d’une stérilité relative.

Bien que ce problème, qui est par excellence celui de notre avenir, n’ait pas fixé autant qu’il le devrait l’attention générale, de nombreux médecins ont été consultés, et leurs diagnostics ne s’accordent pas. Les uns accusent

    années (1890, 1891, 1892), les décès sont en excédent de 38,000, 10,000 et 20,000. L’excédent des naissances reparaît ensuite, mais toujours aussi faible.