le moyen des congrès : congrès nationaux où l’on cherche à se mettre d’accord entre représentants d’un même peuple, en vue de faciliter ensuite l’entente entre peuples, et congrès internationaux où l’on s’efforce de poser les bases de cette entente. En France, on est fort en retard pour l’organisation des congrès. Celui que les socialistes tentent de réunir à Paris, à l’occasion de l’Exposition de 1878, est interdit par la préfecture de police. La majorité de l’opinion approuve les rigueurs gouvernementales ; elle partage jusqu’à un certain point les méfiances du Sénat à l’égard de l’ouvrier, lorsque se pose la question des livrets (1883)[1] ; elle est avec Jules Ferry quand il défend la liberté du travail, dans cette grande discussion sur la question sociale ouverte, à la Chambre, en 1884.
À partir de 1891[2], les congrès se multiplient. En 1892, celui de Marseille est marqué par d’importants débats ; on y entend le célèbre Liebknecht prononcer de redoutables paroles prouvant que, de l’autre côté de la frontière, les convictions socialistes n’affaiblissent pas le sentiment germanique. L’attitude de Liebknecht, Bebel la souligne encore par les déclarations qu’il formule l’année suivante devant le congrès de Zurich (1893). Le mirage de l’union et de la fraternité universelles s’évanouit ; la nationalité, au contraire, se marque fortement dans le vote des délé-
- ↑ Les livrets d’ouvriers avaient été supprimés par la Chambre ; le Sénat consentit à la suppression de l’obligation, mais mentionna la faculté pour l’ouvrier d’avoir un livret, ce qui revenait à rétablir le droit pour le patron d’en exiger la production.
- ↑ Entre 1878 et 1891, il y a eu une longue série de congrès organisés en France par les différents groupes socialistes. Ces congrès n’ont d’importance qu’au point de vue du fractionnement des opinions qui y étaient représentées. Nous reviendrons sur ce sujet tout à l’heure.