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la question sociale.

gations, sans que se trouve affaibli pour cela le désir de réaliser une entente entre les prolétaires de tous les pays, entente si nécessaire à la réalisation de leurs espérances. C’est un curieux moment ; les rêves, les utopies, les sentimentalités qui ont si longtemps soutenu les socialistes font place aux calculs, aux raisonnements, aux résolutions pratiques. Cette même année, se tient à Bruxelles le congrès international des mineurs ; la délégation anglaise, qui comprend d’éminentes personnalités, tient son mandat de 340,000 mineurs syndiqués[1]. Bristol voit se réunir le congrès des coopérateurs britanniques, tandis que Reims et Toulouse donnent l’hospitalité à des assemblées socialistes.

Plus active encore est l’année 1894. Ce sont : le quatrième congrès de l’union générale des travailleurs d’Espagne et le quatrième congrès du parti ouvrier espagnol, qui se succèdent, à Madrid, au mois d’août ; le trente-quatrième congrès des trades-unions d’Angleterre[2], qui s’ouvre à Norwich ; le cinquième congrès du parti socialiste italien, qui se tient en septembre à Imola, tandis qu’en octobre le socialisme allemand se réunit pour la dix-septième fois à Francfort. En France, des congrès ont lieu à Tours, à Dijon et à Nantes (douzième congrès du parti ouvrier français). M. Jules Guesde, qui récapitule toutes ces manifestations d’une vitalité indéniable, s’écrie :

  1. Sur un total de 650,000 que compte la Grande-Bretagne.
  2. Ainsi que nous le disions plus haut, les trades-unions se sont prononcées pour le collectivisme. Elles avaient, en 1803, manifesté de fortes tendances dans cette voie ; en 1894, elles ont, à une très grande majorité, « invité leurs deux millions de membres à ne voter aux élections législatives et municipales que pour des candidats ayant accepté le programme collectiviste ».