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de la république.

cières. D’un peu plus de dix milliards, la dette française allait monter d’un bond à vingt milliards. Quelles économies eussent pu combler un pareil gouffre ? M. Pouyer-Quertier proposa un premier emprunt de deux milliards. Paris il lui seul dépassa de cinq cent millions et la France entière d’un milliard et demi la souscription nécessaire. Avec les souscriptions de l’étranger on atteignit, et au delà, les 5 milliards de la contribution de guerre. L’année suivante (1872), le ministre des finances se rendit à Berlin pour y négocier la libération anticipée du territoire : le 29 juin 1872, un second traité, signé à Versailles, en régla les détails. En même temps était décidé un second emprunt de 3 milliards et demi qui fut couvert quinze fois. Paris souscrivit 14 milliards ; la province, 10 ; l’Angleterre, 334 millions ; la Hollande, 170 ; Strasbourg, 44, et Mulhouse, 22. Cet événement excita un vif enthousiasme. « Sans doute, écrivait M. de Mazade[1], l’emprunt tel qu’il est, au prix où il a été émis, c’est-à-dire à 6 pour 100 à peu près, reste toujours une bonne affaire… mais enfin, quels que soient les avantages, l’argent ne se précipite pas avec cet entrain sur une opération de finances, un phénomène qui se produit dans de telles proportions n’est plus un simple événement financier. »

Déjà, par malheur, l’esprit public se détournait de ces sérieuses questions pour en chercher d’autres plus sensationnelles et plus attrayantes. L’entrée de Victor-Emmanuel à Rome, un manifeste du comte de Chambord[2], un dis-

  1. Revue des Deux Mondes, Chronique.
  2. Ce manifeste, en date du 5 juillet 1871, fut qualifié « d’abdication naïve » ; il excita un grand enthousiasme dans certains milieux.