même congrès de Marseille avait condamnée implicitement en décidant que les députés et les conseillers municipaux ne pourraient faire partie du comité national placé à la tête du parti. Paul Brousse et ses amis obtinrent du congrès de Paris (1883) la suppression de cette clause. Ce fut l’occasion d’un grand conflit. Les congrès se succédèrent ; on se déclara anathème de l’un à l’autre ; les syndicats révoltés entrèrent en lutte contre les dirigeants, et en dehors des blanquistes, qui dès le principe étaient demeurés indépendants, trois groupes distincts se formèrent : les allemanistes, les broussistes, les guesdistes[1].
Le parti allemaniste, ainsi nommé du nom de son chef, Jean Allemane, s’appelle officiellement : parti ouvrier socialiste révolutionnaire. Il est remarquable par l’anonymat et la discipline. Allemane, qui jouit d’une grande influence dans le quartier de la Folie-Méricourt, à Paris[2], est un modeste. Il a appris à ses disciples à se méfier du politicien, à imposer au député de leur choix la formalité de la démission « en blanc », qui place l’élu sous la domination permanente de ses électeurs. Il favorise la grève, qu’il appelle la « guerre les bras croisés », et croit à la supériorité des moyens économiques. Les fédérations allemanistes sont au nombre de quatre : celle du centre (Paris) comprend soixante groupes d’études sociales et vingt syndicats et groupes corporatifs ; celle des Ardennes (Charleville), soixante groupes ou syndicats dont le principal est le syndicat des 4,000 tisseurs de Sedan ; celle de l’Est