chapitre ii
les premières années de la république (suite).
La position de M. Thiers avait ceci d’exceptionnel que, chef de l’État, il était en même temps premier ministre. Il avait pris l’habitude d’intervenir dans la moindre discussion et posait à tout moment la question de confiance. Sur beaucoup de points, il s’était trouvé d’accord avec la grande majorité de l’Assemblée ; mais lorsqu’il rencontrait quelques contradicteurs, ses vieilles habitudes d’autocrate reprenaient le dessus, et il ne ménageait guère son dédain à ceux qui ne partageaient pas son opinion. Irrévérencieusement, on a dit de lui qu’il avait « l’humeur d’une femme nerveuse, ou d’un vieil enfant gâté[1] ». On doit reconnaître, sans aller aussi loin, que son langage, bien souvent, blessait et choquait l’Assemblée.
L’Assemblée, blessait et choquait à son tour le Président. Il eût désiré moins de bruit et plus de besogne. Selon
- ↑ Joseph d’Arçay, Notes inédites sur M. Thiers. Paris, 1888.