d’amendements, de contre-propositions, d’interruptions, d’incidents[1]. Tous les moyens furent bons pour entraver le vote ou le retarder. Mais l’Assemblée, si divisée jusque-là, trouva soudain en elle la force d’imposer une solution sage et modérée. La gauche, avec un remarquable esprit de discipline, s’abstint de répondre aux attaques de ceux qui lui reprochaient, comme M. de Castellane, de « trahir le suffrage universel » en donnant pour base électorale au futur Sénat le suffrage à deux degrés. Pour beaucoup, en effet, c’était là un sacrifice véritable. « C’est pourtant dur, disait un des radicaux qui l’avaient consenti, de voir nos principes soutenus par nos adversaires et battus par nous. »
Parmi les plus sages fut Gambetta. Aucun compromis, de ceux qu’il pouvait loyalement consentir, ne lui coûta pour atteindre le but qui, à cet instant, dominait tous les autres. Comme l’a fort bien dit M. de Pressensé[2], c’est ce jour-là que Gambetta « fut vraiment le second fondateur de la République. La victoire qu’il remporta sur l’Assemblée, il avait commencé par la remporter sur lui-même en sacrifiant tout ce qui, dans son programme, n’était pas immédiatement réalisable. » Quand la Constitution fut votée, il fallut un gouvernement pour l’appliquer ; la crise ministérielle, en se prolongeant, menaçait de tout compromettre ; Gambetta ne craignit pas de négocier avec M. Bocher, président du centre droit, pour aider avec lui à la constitution d’un cabinet, M. Bocher refusant le pou-