un intérêt de parti, prétendaient garder un droit permanent de sédition morale[1] ».
MM. de Laboulaye et Wallon présentèrent deux amendements ; le premier, ainsi conçu : « Le gouvernement de la République se compose de deux Chambres et d’un président », fut rejeté ; le second fut adopté à une voix de majorité : son texte, plus précis que le précédent, n’en différait que par une nuance subtile. « Le Président de la République, disait l’amendement Wallon, est élu par le Sénat et la Chambre des députés réunis en Assemblée nationale. Il est nommé pour sept ans et rééligible. »
Les adversaires du régime républicain ont affecté de considérer le vote sur l’amendement Wallon comme ayant tranché la question de la forme du gouvernement, et ils se sont plu à répéter que la République n’avait été votée qu’à une voix de majorité. Les pages qui précèdent ont fait justice, à l’avance, d’une semblable interprétation[2].
La crise d’enfantement de la Constitution fut laborieuse ; on allait à l’imprévu, au milieu des surprises et des inconséquences. La loi sur le Sénat, acceptée en détail, fut rejetée en bloc ; la dissolution, proposée à nouveau, n’eût été, en un pareil moment, qu’un aveu formel d’impuissance ; on la repousse. De l’excès du mal naquit enfin un mouvement de réaction ; les hommes raisonnables et modérés se ressaisirent, et, le 25 février 1875, les lois constitutionnelles furent votées, non sans combat, non sans un grand nombre
- ↑ Ch. de Mazade, Revue des deux Mondes, Chronique.
- ↑ Un fait qui, d’ailleurs, donne à l’amendement Wallon son véritable caractère, c’est que le ministère vota contre ; s’il s’était agi de modifier la forme du régime existant, le tact le plus élémentaire eût forcé les ministres tout au moins à s’abstenir.