Le 27 octobre 1878, les conseils municipaux désignèrent leurs délégués ; on put prévoir dès lors le caractère des élections du 5 janvier ; elles furent à la fois conservatrices et républicaines, en ce sens que les nouveaux élus appartenaient à l’opinion modérée, tout en étant fermement constitutionnels. Le fait capilal, c’est que la République, désormais, avait dans la Chambre haute une majorité de 60 voix.
C’eût été pour toutes les intransigeances de gauche le moment de désarmer ; mais il arrive souvent, en semblable circonstance, que les exigences croissent avec le succès ; entre le ministère et la majorité, les divergences de vues se précisèrent et s’accentuèrent. La majorité réclamait : la suppression des universités catholiques[1], la laïcité, la gratuité et l’obligation de l’instruction primaire, l’interdiction d’enseigner pour les congrégations non autorisées, la mise en accusation des ministres du 16 mai, l’amnistie et l’épuration des fonctionnaires. Le gouvernement n’était disposé à accorder que : le retour à l’État du droit de collation des grades universitaires, l’obligation et la semi-gratuité de l’instruction primaire, le suppression de la lettre d’obédience qui tenait lieu pour les Ordres enseignants du brevet de capacité, de larges mesures de clémence et une épuration restreinte. Ces concessions, à droite, étaient jugées excessives ; en réalité, elles étaient très suffisantes et répondaient amplement aux besoins du moment. Le 14 janvier, le ministère défendit son programme et obtint
- ↑ Quatre facultés libres de droit avaient ouvert leurs portes en novembre 1875 ; elles étaient établies à Paris, Lyon, Lille et Angers ; on avait annoncé la création d’autres facultés, mais l’argent manquait moins que les professeurs.