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dedans, l’appuyer ou les départs au galop, d’aborder un cheval moyen, de le monter avec confiance et de s’en servir utilement ». Ce cavalier-là, nous pouvons et devons le former. Il n’est pas indifférent que la France moderne devienne une nation équestre.



LA GYMNASTIQUE ÉQUESTRE

Le problème est donc le suivant : exercer le futur cavalier de façon efficace avant de le mettre à cheval, de manière à diminuer le nombre des séances consacrées à l’assouplissement spécial dont il a besoin.

Les conditions de cet assouplissement résident en ceci : obtenir de l’homme assis à cheval la fixité des genoux, la mobilité du tronc et l’indépendance des bras. Ces conditions une fois réalisées, la préparation préalable sera achevée.

Or l’appareil utilisable existe : on le nomme le cheval gymnastique ; il figure dans tout gymnase bien équipé. Mais il n’y sert qu’à la voltige et aux sauts. On le franchit de différentes façons et il permet de très jolies prouesses. Pas un instant il n’est employé à la préparation du cavalier. C’est que la position de celui-ci très anormale, avons-nous dit, par suite du changement de point d’appui, exige une contrainte véritable pour que le corps s’y soumette et s’y accoutume. La volonté n’est pas suffisante à organiser ladite contrainte : il conviendrait de l’aider matériellement.

On y parviendra en fixant les pieds de l’homme aux supports d’avant de l’appareil[1] au moyen de lanières souples et un peu lâches, passant à la hauteur de la cheville, de façon que les pieds ne soient pas entravés complètement, mais juste assez pour que le corps ressente une sensation de sécurité. Ainsi on pourra amplifier les mouvements de plus en plus et arriver à des déplacements de plus en plus rapides et énergiques du centre de gravité ; or toute l’équitation se ramène en somme à une question de centre de gravité.

Les haltères, la barre à sphères, les massues procurent à

  1. Pour cette gymnastique équestre, j’avais d’abord préconisé la construction d’appareils d’un modèle un peu différent du cheval gymnastique ordinaire (voir la Gymnastique utilitaire, pages 54 et 55). Des expériences ultérieures m’ont fait renoncer à cette exigence. Le cheval habituel, pour peu qu’il soit assez large et arrondi et pourvu de montants carrés en bois et non de minces montants de fonte, sera d’un meilleur usage. Et ainsi il n’y aura aucune dépense nouvelle de matériel.