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mémoires olympiques

l’amateurisme, déposé par Ad. de Pallissaux, un des plus dévoués et convaincus parmi les ouvriers du début. Ah ! ces chers collaborateurs d’alors, avec quelle franche amitié je songe à eux, sans me souvenir des nuages qui passaient parfois entre nous ; Pallissaux, Paul Champ, Gaston Raymond, Gustave de Lafreté, Marcadet, Heywood, qui tracèrent avec moi les premières pistes de cross à travers les bois des environs de Paris ; et puis la première floraison des potaches « libérés » : Frantz-Reichel, Louis Dedet, Fernand Bouisson, Georges Haviland, Arthur Roy… équipe de pionniers dont j’étais le camarade autant que le chef.

L’amateurisme, admirable momie qu’on pourrait transporter au musée de Boulak comme spécimen de l’embaumement moderne ! Un demi-siècle a passé sans qu’elle paraisse avoir souffert des manipulations incessantes dont elle a été l’objet. Elle semble intacte. Personne de nous n’escomptait une telle durée. En nous attaquant à ce problème, nous étions convaincus d’en venir à bout en moins d’un lustre. Mais pour moi, le Congrès projeté avait, avant tout, cette importance de me constituer un précieux paravent. Je rédigeai donc un programme préliminaire et le fis approuver par le Congrès de l’U. S. F. S. A., transformée dès le début de 1890. Elle avait désormais un Conseil et un Comité rentrant l’un dans l’autre et en sortant avec une égale aisance. C’était de la sorte, une manière de Janus avec une façade sur le Jockey-Club, dans les rangs duquel se recrutaient nos membres honoraires à vingt francs l’an, et une autre sur la petite bourgeoisie, dont une fraction, pleine d’allant, nous fournissait des travailleurs zélés et nous confiait volontiers les muscles de ses fils. Cette fusion des