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L’amateurisme

Lui ! Toujours lui. Il y avait maintenant seize ans que nous avions prétendu naïvement en finir avec lui et il était toujours là, identique et insaisissable : un vrai ballon de water-polo avec cette manière de glisser et de filer sous la main qui tient du chat et de s’en aller vous narguer à quatre mètres. Personnellement, cela m’était égal. J’en risque aujourd’hui l’aveu ; je ne me suis jamais passionné pour cette question-là. Elle m’avait servi de paravent pour convoquer le Congrès destiné à rétablir les Jeux Olympiques. Voyant l’importance qu’on lui attribuait dans les milieux sportifs, j’y apportais le zèle désirable, mais c’était un zèle sans conviction réelle. Ma conception du sport a toujours été très différente de celle d’un grand nombre — peut-être de la majorité — des sportifs. Pour moi, le sport était une religion avec église, dogmes, culte… mais surtout, sentiment religieux, et il me paraissait aussi enfantin de relier tout cela au fait d’avoir touché une pièce de cent sous que de proclamer d’emblée que le bedeau de la paroisse est nécessairement un incroyant parce qu’il a un traitement pour assurer le service du sanctuaire. Aujourd’hui que j’ai atteint — et même dépassé — l’âge où l’on peut pratiquer et proclamer librement ses hérésies, je n’hésite point à avouer ce point de vue. Cependant, faute de mieux, j’entendais bien qu’il fallait admettre certaines règles, dresser certaines barrières plus ou moins fictives et je ne demandais pas mieux que d’y