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mémoires olympiques

nement et par la ville, festivités de tous genres, se combinent dans ma mémoire avec les harmonies tziganes qui, pendant ces jours, distillaient en nous leur étrange élixir fait de mélancolie intense et d’énergie endiablée.

Le Comité d’alors comprenait quarante-trois membres appartenant à trente et une nationalités distinctes. Il avait sa figure définitive. Il s’était puissamment renforcé par les élections de personnalités comme le baron de Venningen et le comte Sierstorpff pour l’Allemagne, le conseiller d’État Brunialti (Italie), le professeur, plus tard sénateur, Jigoro Kano, rénovateur du jiu-jitsu (Japon), le baron de Willebrand (Finlande), le général Sir Hanbury Williams (Canada), MM. Sverre (Norvège), Bolanachi (Égypte), Evert J. Wendell (États-Unis), qu’allaient bientôt rejoindre pour l’Autriche le prince Othon de Windischgrætz et le comte Rodolphe Colloredo. Tous ou presque tous étaient des sportifs au vrai sens du mot, répondant à la formule que je m’étais fixée dès le principe, c’est-à-dire des hommes assez compétents pour pouvoir approfondir n’importe quelle question spéciale, mais assez éloignés de tout spécialisme exclusif pour n’en jamais devenir les esclaves, des hommes assez internationaux pour n’être pas injustement dominés dans toute question internationale par leurs préjugés strictement nationaux, des hommes enfin susceptibles de tenir tête aux groupements techniques et certains d’échapper à toute dépendance matérielle vis-à-vis de ceux-ci. Entre tous ces hommes, maintenant accoutumés à se rencontrer et très épris du charme de leur réunion annuelle, de véritables liens d’amitié s’étaient tissés. Tout le reste de l’année, je correspondais régulièrement avec eux.

On a cru et dit — c’était une calomnie facile —