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moins ancien, son comité n’était pas moins attaché à l’indépendance nationale et nous avions en 1908 élu un collègue finlandais en la personne du baron de Willebrand. Or, les temps avaient marché. Les Jeux Olympiques devenaient affaire d’État. Les familles royales s’en mêlaient et les gouvernements aussi… si bien qu’à Pétersbourg et à Vienne l’orage commença de gronder.

Heureusement, l’affaire fut mal entamée en Autriche. Au lieu de s’en prendre aux seuls Tchèques, on mit en cause les Hongrois. Question d’alphabet. Les Suédois, pour ne pas paraître favoriser l’anglais ou l’allemand plutôt que le français affectaient d’utiliser plus que de raison la langue suédoise, que personne ne comprenait hors du royaume. C’est ainsi que, bien longtemps à l’avance, les journaux s’occupèrent de l’ordre alphabétique dans lequel, le jour de l’ouverture, défileraient les athlètes. L’attention du ministre d’Autriche à Stockholm ayant été ainsi attirée prématurément sur cette question secondaire, il fit observer à Vienne que les athlètes autrichiens et les hongrois devaient, pour bien faire, défiler en un seul contingent. La Chancellerie impériale entra dans ses vues, et informa Stockholm qu’en effet il en devrait être ainsi. Or, les Hongrois prirent de travers cet empiètement sur leurs droits olympiques, et à la date du 19 janvier 1912, M. de Muzsa fit savoir en Suède, de la part du Comité national, que leurs hommes s’abstiendraient de participer aux Jeux si l’exigence était maintenue. Émoi, correspondance diplomatique. Enfin, retraite tacite de la Chancellerie.

À ce moment, il y avait déjà plusieurs mois que les footballers autrichiens avaient réclamé l’exclusion des équipes tchèques et cherché à mêler les Allemands à leur querelle. Ce qui ren-