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dait la situation délicate, c’est que notre nouveau collègue, le prince de Windischgraetz était, par son mariage avec l’archiduchesse Élisabeth, devenu le propre petit-fils de l’empereur François-Joseph, et que, quelles que fussent ses vues et ses tendances conciliantes, il ne pouvait, en cette circonstance, se mettre en opposition avec sa Chancellerie, laquelle réclamait la disparition du nom de la Bohême de la liste des États olympiques. Sur ces entrefaites m’arriva une lettre par laquelle l’ambassadeur de Russie à Paris, M. Iswolsky, réclamait de même la radiation de la Finlande de la part du « ministère impérial des Affaires étrangères ».

L’affaire avait trois aspects. La composition du Comité International Olympique se trouvait, dans une certaine mesure, en cause, puis la formation et l’ordre de marche des contingents participant aux Jeux, enfin la couleur du drapeau qui serait arboré en cas de victoire d’un athlète tchèque ou finlandais. Le comité suédois, nanti des premières protestations, avait répondu très loyalement qu’il appartenait au C. I. O. de décider, et que sa décision serait respectée. Mes collègues n’auraient pas admis que l’on prétendît forcer deux d’entre eux à démissionner, mais tel n’était pas le cas. Ni le docteur Jiri Guth, ni le baron de Willebrand ne se trouvaient personnellement obligés d’en venir là. On demandait simplement qu’en regard de leurs noms sur la liste du C. I. O., figurassent les mots : Autriche au lieu de Bohême, Russie au lieu de Finlande. On attendait donc la décision du C. I. O., et les membres du C. I. O. attendaient celle de leur président.

J’étais perplexe, car d’un côté il y avait un fait politique certain, de l’autre une juste cause