Page:Coubertin - Mémoires olympiques, 1931.djvu/145

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
xvi
Les quatre années de guerre

La guerre, en mettant aux prises l’Allemagne, l’Angleterre, l’Autriche-Hongrie, la Belgique, la France, la Russie, la Serbie, créait un état de choses qui pouvait menacer l’institution olympique dans son essence même et dont le premier effet devait être de mettre fin à toutes velléités de retraite de son président.

Il avait été, en effet, dans mon désir de renoncer aux fonctions que j’exerçais de fait depuis vingt ans et, bien qu’aucune décision n’eût été prise, je m’étais entretenu de cette éventualité avec plusieurs de mes collègues. Maintenant il ne pouvait plus être question pour moi de démissionner avant 1917, date d’expiration de mon mandat décennal. Un capitaine ne quitte pas le pont du navire pendant la tempête.

Deux problèmes surgirent immédiatement, l’un concernant les Jeux prochains, et l’autre la composition même du C. I. O.

Sur le premier point, il ne s’était pas écoulé deux semaines depuis l’invasion de la Belgique, que je me trouvais saisi de propositions de « transfert » ; d’abord des projets vagues puis bientôt précisés par une intervention favorable de Sullivan, qui avait été un des piliers du récent congrès et dont le loyalisme s’affirmait maintenant inébranlable. Il demandait des « directives ». Il n’y avait pas à hésiter. Une Olympiade peut n’être pas célébrée ; son chiffre demeure. C’est la tradition antique. Les Allemands qui croyaient alors à une