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mémoires olympiques

plet, il demandait l’égalité de droits à participer aux Jeux de Paris ; équipes soviétiques et équipes des sociétés sportives d’émigrés eussent été admises sur le même pied. J’ai toujours regretté la façon dont sa proposition fut envisagée et repoussée au titre « administratif ». Nul ne savait mieux que moi à quelles difficultés pratiques elle se heurterait et quels problèmes peut-être insolubles son application soulèverait, mais je pense que le C.I.O. se fût honoré en lui faisant un accueil différent et en la transmettant, le moment venu, au gouvernement français, appuyée par un commentaire bienveillant.

Différente était la situation des Arméniens dont une société composée de jeunes gens émigrés réclamait aussi l’admission. L’Arménie provisoirement n’existait plus qu’en espérance et en souvenir dans le cœur de ses fidèles et elle ne pouvait, comme naguère la Bohème ou la Finlande, se réclamer d’un rôle de première place en « géographie sportive ». Les autres questions nationales étaient réglées. L’État libre d’Irlande pour la deuxième fois était représenté à la session. Ses documents en langue celte qu’accompagnait le texte anglais avaient un air délicieusement archaïque. L’érection du royaume yougoslave avait solutionné ipso facto la question croate, et au désir des Philippins de pouvoir, au défilé olympique, marcher unis derrière leur drapeau, le gouvernement américain venait d’acquiescer libéralement… À la veille des Jeux de Paris, le C.I.O. atteindrait 62 membres et 45 États. Le « petit frère aîné de Lausanne » dépasserait pour un moment en effectifs la grande sœur cadette de Genève.

De la foison de projets éclos au lendemain de la guerre et visant la création de Jeux « régionaux », il ne restait plus grand’chose de viable. J’en étais