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tit le caractère d’un hommage enthousiaste à la France. Le gouvernement ne s’en avisa point et ne sut pas en profiter. Un petit employé subalterne d’un service de l’État me disait modestement : « Moi, je n’en puis juger qu’en « homme de la rue », mais, tout de même, il me semble bien que les pouvoirs publics n’ont pas su tirer de cette Olympiade tous les avantages qu’elle comportait. » Comme il y voyait juste et comme sa critique résumait bien les fautes commises ! Ce n’est pas ici le lieu d’en exposer et d’en apprécier le détail, car cela conduirait à une étude approfondie de l’état d’esprit des dirigeants et de l’opinion publique en France au lendemain de ce que je me suis permis d’appeler « la victoire sans tête » dans un chapitre de mes « autres » mémoires encore inédits. Quelle occasion unique de s’adresser à la jeunesse mondiale assemblée à Paris et de lui tendre le rameau de paix auréolé par la gloire récente ! Quel point de départ pour l’ère nouvelle dont tous les peuples avaient le souci ! Inutile maintenant de s’attarder à de stériles regrets. Mieux vaut simplement relater ce qu’il y eut, durant cette période olympique parisienne, de réconfortant à noter dans le déroulement des faits.

Il y eut la bonne humeur des athlètes à laquelle semblait présider de haut celle de deux augustes personnages : le président Doumergue et le prince de Galles, de qui, il est vrai, les sourires sont devenus légendaires. Puisqu’il s’agit de sport, je commencerai par les athlètes. Ceux qui les dépeignent à tout instant comme difficiles à satisfaire ne les connaissent guère, pas plus qu’ils ne se rendent compte des motifs d’excitabilité incessante que représente en une circonstance aussi solennelle l’agglomération sur un point donné de