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mémoires olympiques

plusieurs milliers de jeunes gens pour lesquels le laurier olympique constitue l’ambition musculaire suprême. Ajoutez-y la contrainte de l’entraînement, les obstacles surmontés, le dépaysement physique, le désaccord fatal entre l’attente et la réalité, les mauvais hasards, la nervosité entretenue par l’épreuve prochaine… Que savez-vous, vous, le monsieur du dehors, dont les opinions simplistes et péremptoires se fabriquent en série d’après un compte rendu hâtif et bien souvent injuste (car le journaliste spécial, dont le métier du reste a aussi ses rudesses, n’est pas toujours équitable), que savez-vous de tout ce qui se dépense de vouloir, de sang-froid, de maîtrise de soi et d’entr’aide généreuse dans les quartiers d’athlètes ? Ayez du moins la pudeur de rendre hommage à la force de l’esprit sportif capable de résister aux manifestations intempérantes de ces spectateurs dont vous avez été peut-être et qui semblent si souvent s’ingénier à exalter non la saine et loyale concurrence, mais l’animosité et l’âpreté jalouse. Spectateurs clairsemés et ennuyés devant d’admirables prouesses gymniques ou nautiques qui ne sont pas « à la mode », spectateurs entassés et féroces dès que la mêlée de football ou la rencontre de boxe promettent de sensationnels horions… Devant eux combien ceux qui luttent paraissent en général équilibrés et virils dans la sérénité de leur philosophie pratique. Des exceptions, certes, il y en a beaucoup ! Mais, l’impression d’ensemble subsiste. De Stockholm à Anvers, d’Anvers à Paris, elle a prolongé son action réconfortante. À Paris, plus que jamais, elle s’est affirmée.

Il y avait huit jours que le président Gaston Doumergue s’était installé à l’Élysée, lorsqu’il se rendit sous escorte à la Sorbonne pour y assister.